Comment j'en suis venue à faire de l'art?

J'ai grandi avec l'âme d'une baroudeuse. J'ai pas mal voyagé dans ma vie, pas forcément de longs trajets ou des destinations extraordinaires -bien qu'il y en ai eu aussi- mais voilà, je bougeais souvent. D'abord parce que mes parents avaient divorcés, pour voir la famille etc, et puis pour la découverte. J'avais moins de 10 ans la première fois que j'ai pris l'avion toute seule. Je n'ai pas eu peur, c'est plutôt le contraire. J'étais ébahie devant les belles et gentilles hôtesses, émerveillée devant le spectacle de ce lit de nuages mouvant, excitée par la sensation du décollage et amusée par la diversité des voyageurs. La vue de la terre depuis le ciel, quand tout devient petit, quand on dépasse les nuages et qu'on quitte la pluie pour ce ciel bleu et ensoleillé qui veille au dessus de nos têtes, quand la nuit tombe et que le sol tout en bas devient une espèce de clair obscur pointilliste où les lumières des villes dessinent des paysages nouveaux. Je suis tombée amoureuse en quelques sortes. De l'avion et du voyage.

Et depuis, même si j'ai essayé de me convaincre que je pourrais avoir un métier plus stable que ça parfois, depuis disais-je donc mes 8 ans à peu près, hôtesse de l'air c'était le métier de mes rêves. Les fois où j'ai essayé de m'en éloigner, j'ai fini par y revenir irrémédiablement. Après mon baccalauréat, j'ai commencé à prendre des renseignements sur les formations, et j'ai entamé des études d'anglais à l'université à Bordeaux, pour assurer la suite (le travail, mais aussi le après car ce n'est pas un métier que l'on exerce pour toujours).

J'avais des moments de faiblesse au niveau de ma santé mais on ne savait pas ce qu'il en était alors je continuais à avancer comme si de rien n'était. Mais ça n'a pas duré... Ma santé a continué de décliner jusqu'à devoir me mettre en arrêt maladie et tenter de finir ma formation à distance comme je pouvais...

Un jour où mon moral déclinait avec ma santé, une amie m'a dit que quand elle ne se sentait pas bien, elle dessinait. J'ai ri. Moi? Dessiner? Je n'avais pas fait ça depuis mon enfance...

Et un soir, alors que je broyais du noir et que j'écoutais de la musique, un morceau est passé et ça a été la révélation... J'ai écouté cette musique magnifique et j'ai été prise d'une envie soudaine et urgente, plus qu'une envie, carrément un besoin. J'ai filé acheter une toile, des crayons et une gomme, j'ai lancé la musique en boucle et ai passé la nuit entière à dessiner. Ça a été le premier d'une infinité. Et voilà comment je suis tombée dans l'art. Il m'est très vite devenu indispensable, un moyen d'exprimer tous mes maux tant physiques que psychiques, et une passion aussi.